EDITO : l’ANGE pourrait-elle être crédible pour gérer les échéances électorales en période de Transition ?
La semaine écoulée a été marquée au Tchad par l’adoption de l’Agence Nationale de Gestion des Elections (ANGE) et la mise en place du Conseil Constitutionnel en vue de conduire le pays vers le retour à l’ordre constitutionnel.
Innovation avec l’ange qui remplace désormais la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et résurrection pour le Conseil Constitutionnel enterré à l’issue du dernier forum sous le défunt Maréchal. Ces dernières décisions viennent mettre du piment dans la sauce de la classe politique tchadienne car elles suscitent plus d’inquiétude que d’espoir quant à l’aboutissement d’une transition réussie avec à la clé des élections libres et transparentes. Et les raisons de croire en l’inquiétude sont perceptibles.
D’abord, la désignation des membres de l’ANGE par le Président de transition Mahamat Kaka et par le Président du Conseil National de Transition Haroun Kabadi tous deux aux commandes de ladite transition . le PT nommé récemment Président d’honneur du MPS l’ex parti au pouvoir et donc candidat par excellence de ce regroupement politique et le PCNT son poulain puisqu’étant considérés comme les deux oreilles du même âne. De mémoire des tchadiens, Haroun Kabadi le PCNT est vu comme l’avaliseur de la succession dynastique du clan Itno après son refus de succéder au Maréchal à sa mort conformément à la Constitution de l’époque. La nomination de Mahamat Zen Bada à la tête du MPS vient renforcer la conviction des tchadiens à un pessimisme avéré en prélude à ces consultations électorales. Et pour enfoncer le clou, l’élection de Me Jean Bernard Pa daré à la tête du Conseil Constitutionnel. Voilà le triste décor planté pour organiser la mise en scène électorale !
Loin de prédire des perspectives sombres pour le Tchad, les citoyens sont en droit de tirer les leçons du passé afin de voir au moins une lueur d’espoir pour l’avenir de ;leur pays.
Et le copilote actuellement Premier Ministre de Transition, Dr Succès Masra qui vient de présenter la recette miracle à la réussite de la transition aura-t-il dorénavant les marges de manœuvre nécessaires en cette circonstance ? Autrement dit, il risque de nous appliquer un remède qui pourrait être pire que le mal qu’il a diagnostiqué et qu’il veut bien guérir au bonheur de ses concitoyens.
Il appartient désormais aux tchadiens, au fil des temps, de mesurer l’ampleur de la nouvelle situation et de conjuguer leurs efforts pour sortir leur pays de ce marasme politique. Car, quelle garantie pour la transparence, l'ANGE pourrait apporter pour les élections aux résultats non contestables sans la présence de la société civile, véritable contre-pied du pouvoir à l'instar de beaucoup de pays africains jugés démocratiques.