Éditorial : A l'aube de la 5eme République !
La nomination de l'opposant au Président de Transition et dirigeant du parti politique "Les Transformateurs", Dr Succès Masra au poste de Premier Ministre a inauguré l'année 2024. Cette décision présidentielle est la suite logique des clauses de l'accord de Kinshasa en RDC ayant permis à l'opposant d'hier taxé des conséquences des manifestations du 20 octobre 2022 de rentrer au bercail en dépit du mandat d'arrêt international émis à son encontre et annulé plus tard.
Pour beaucoup de tchadiens en quête d'une paix durable, cette décision de se réconcilier est à saluer et doit susciter un engouement auprès des plus sceptiques encore dans le camp adverse du pouvoir. Mais pour d'autres qui pour des raisons personnelles, ce revirement de situation si inattendu soit il n'augure rien de rassurant. Et la composition du nouveau gouvernement vient renforcer leurs convictions.
Alors, quel scénario le tchadien peut-il envisager pour la 5eme République naissante dans le contexte actuel ?
Dr Succès Masra, après une période de lutte acharnée contre le maréchal de père Idriss Deby Itno puis contre le fils Mahamat Idriss Deby Itno sur la voie d'une succession dynastique des Itno et pour le retour à l'ordre constitutionnel souhaité par tous les tchadiens a-t-il les moyens de sa Real politique ?
Mahamat Idriss Deby Itno ayant goûté aux délices du pouvoir accepterait-il de faire bon cœur mauvaise fortune avec son farouche adversaire politique d'hier ?
L'histoire a toujours enseigné qu'au Tchad, plusieurs accords de cohabitation politique de ce genre se sont noués et se sont dénoués au gré des intérêts. Et notre pays qui vient de sortir d'un référendum le portant sur les fonds baptismaux de la 5eme République se trouve à la croisée des chemins puisque les enjeux sont multiples : les futures élections pour le retour à l'ordre constitutionnel avec comme point d'orgue la garantie de la transparence des résultats issus des urnes afin d'éviter d'éventuelles contestations post électorales.
Dans cette expectative où le tchadien semble être embarqué dans un bateau sans connaître le vrai maître à bord, il est indispensable de tirer les leçons des précédentes cohabitations politico-gouvernementales à l'exemple des accords de Khartoum au Soudan en 1978 ayant conduit Hissein Habré à la Primature sous le Conseil Supérieur Militaire (CSM), le Gouvernement d'union nationale de transition (GUNT) de Goukouny Weddei après les accords de Kano I et II, la Démocratie Consensuelle et Participative (DCP) avec le Général Kamougue à l'issue des premières élections présidentielles de 1996 afin de sortir le pays du gouffre et de l'orienter vers la voie de l'émergence.
Que vivement l'an 2024 sonne le glas pour donner à notre peuple un avenir radieux !
Même si le nouveau Premier Ministre a posé les premiers pas de vouloir transformer par des signaux forts tels que la renonciation à son salaire, la décrispation du climat social au sein de l'éducation nationale et bien d'autres, l'on est en droit de scruter l'horizon au plus loin que possible pour être sûr d'aboutir à des perspectives meilleures. Car dans cette expectative où....