FLASH INFOS
:
ArabicEnglishFrench

WhatsApp_Image_2021-01-28_at_13.40.58.jpeg

WhatsApp_Image_2021-03-28_at_22.56.08_1.jpeg

La désinformation en Afrique à l’heure du Fact-Checking

le .

Screenshot 20241122 094901


L’Afrique reste la cible privilégiée de la propagande orchestrée par les puissances étrangères, notamment la Russie. Cette démarche d’influence perverse contribue à la déstabilisation de certains pays du continent. Pour y faire face, Éric Topona Mocnga, journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle, invite les journalistes africains à faire preuve de prudence et à se servir des outils modernes de vérification de l’information.

L’avènement des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des réseaux sociaux, ces fameuses « autoroutes de l’information », comme les a baptisées Al Gore (vice-président des États-Unis de 1993 à 2001), portait la promesse d’un monde où la liberté de savoir et de comprendre serait sans limites, la liberté d’expression aussi. Ce nouvel univers informationnel était d’autant plus célébré que le monde entier sortait de la bipolarisation est-ouest, une époque durant laquelle, même dans les pays reconnus comme démocratiques, il n’était guère permis de tout dire. Aux États-Unis par exemple, le maccarthysme au début des années 1950 (période de l’histoire américaine, connue également sous le nom de « Peur rouge » et qualifiée fréquemment de « chasse aux sorcières » traquait sans complaisance toute parole publique soupçonnée d’accointance avec l’idéologie communiste.

Avec le village planétaire des temps présents, la parole est absolument libre, la vérité côtoie le mensonge ; pis encore, lorsque, dans un jeu de rôle pervers, le mensonge ne se pare pas des oripeaux de la vérité. Aucune région du monde n’est épargnée. L’Afrique encore plus, cible privilégiée des assauts de désinformation de la Russie, qui est en tête des puissances pourvoyeuses de fausses informations à l’endroit des populations africaines : « La Russie demeure le principal pourvoyeur de la désinformation en Afrique, parrainant 80 campagnes documentées, ciblant plus de 22 pays. Cela représente près de 40 % de toutes les campagnes de désinformation en Afrique. Ces 80 campagnes ont touché plusieurs millions d’utilisateurs grâce à des dizaines de milliers de fausses pages et de faux messages coordonnés. L’utilisation agressive de la désinformation est l’un des piliers de l’utilisation par la Russie de canaux irréguliers pour gagner de l’influence en Afrique. La Russie a diffusé de la désinformation pour saper la démocratie dans au moins 19 pays africains, contribuant ainsi à son recul sur le continent[1]. »

Désinformation croissante en Afrique

En Afrique, la pratique de la désinformation de masse a pris une ampleur singulière et est lourde de conséquences pour la stabilité des États et la cohésion des sociétés : « Les campagnes de désinformation ont été directement à l’origine de violences meurtrières, encouragées et validées par les coups d’État militaires ; elles ont réduit les membres de la société civile au silence et servi de paravent à la corruption et à l’exploitation. Cela a eu des conséquences concrètes sur les droits, les libertés et la sécurité des Africains. Cet assaut d’obscurcissements délibérés intervient alors que 300 millions d’Africains ont rejoint les médias sociaux au cours des sept dernières années. Le continent compte aujourd’hui plus de 400 millions d’utilisateurs actifs de médias sociaux et 600 millions d’internautes. Les Africains qui sont en ligne s’appuient sur les médias sociaux pour consommer des informations, et ce, à un taux parmi les plus élevés au monde. Les utilisateurs de médias sociaux au Nigéria et au Kenya sont les premiers au monde pour le nombre d’heures qu’ils y passent chaque jour. Ils sont simultanément les pays qui se déclarent les plus préoccupés par les informations fausses et trompeuses [2]. »

Fake news

Par ailleurs, les processus électoraux sont l’objet d’intrusions massives d’agents étrangers au service de puissances étrangères qui ont pour objectif de préparer les opinions nationales et internationales à l’acceptation d’un résultat qui irait dans le sens de leurs intérêts géostratégiques. Ces pratiques de désinformation constituent en outre un danger pour les processus démocratiques en cours en Afrique subsaharienne, et pour les démocraties de manière globale, comme il a été loisible de le constater pendant la campagne électorale pour la présidentielle du 5 novembre dernier aux États-Unis d’Amérique. Les téléspectateurs qui ont regardé le duel télévisé Kamala Harris-Donald Trump, le 11 septembre 2024, ont encore en mémoire la grossière contre-vérité de l’ancien président qui accusaient des immigrés haïtiens de s’offrir, comme repas, les animaux de compagnie de paisibles citoyens américains, notamment des chiens et des chats. Immédiatement, faisant usage du fact-checking en mondovision, le régulateur du débat a démenti ce fake news.
Fact-Checking
À la une, Décryptage novembre 21, 2024
Eric Topona Mocnga