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TRIBUNE : LE PRESIDENT IDRISS DEBY ITNO, MORT AUX COMBATS OU VICTIME D’UN PUTSCH MILITAIRE DISCRET?

le .


Nous demandons à la France de clarifier sa position, car elle ne doit
pas soutenir le prolongement de la dictature  en soutenant le Conseil
militaire de transition (CMT), mais elle doit être du côté du peuple
tchadien, opprimé.


Nous, partis politiques tchadiens de l’Opposition, signataires de la
présente déclaration, publions cette tribune à l’égard de son
Excellence, M. Emmanuel Macron, président de la République française,
qui se rend aux obsèques du président Déby, à N’Djaména, ce 23 avril
2021.
Le mardi 20 avril 2021, nous avions appris comme le reste du monde, le
décès tragique du président de la République. Selon une déclaration
faite sur les ondes des média d’Etat par une junte militaire composée
de 15 Généraux qui s’est aussitôt emparée du pouvoir, le Chef de
l’Etat serait décédé des suites de ses blessures, lors des combats
avec les rebelles. Mais jusqu’aujourd’hui, le peuple est incapable de
connaître les circonstances exactes de ce décès. Les combats se sont
déroulés où exactement ? Quel jour ? A quelle heure ? Comment le
président a été atteint par des balles ? Etait-il mort surplace ou
après son évacuation sur la Capitale ? Ce sont autant de questions et
bien d’autres que les Tchadiens se posent et qui restent sans
réponses. Mieux, le doute et les soupçons persistent lorsque la junte
militaire dissout le gouvernement et l’Assemblée nationale, suspend la
Constitution, ferme les frontières terrestres et aériennes et décrète
un couvre-feu, des caractéristiques somme toute, fondamentales d’un
coup d’Etat. Pourtant, le président de la République, mort en
fonction, il fallait s’en référer simplement à la Constitution. Pour
nous, le président de l’Assemblée nationale qui aurait décliné l’offre
de présider la transition est une manœuvre de diversion qui cache les
intentions réelles de la junte militaire au pouvoir.
Monsieur le Président de la République française,
Nous vous interpellons, par cette tribune, à clarifier la position de
la France, non par condescendance, mais parce que le Tchad est une
ancienne colonie française et que, même lorsque le pays est devenu
indépendant le 11 août 1960, l’influence de votre pays, comme grande
puissance continue d’influer sur notre politique intérieure.
Le président Idriss Déby avait exercé sur le Tchad l’une des
dictatures les plus implacables du continent. Cependant, l’amer
constat montre que la France, connue comme un pays des libertés et de
démocratie soutenait paradoxalement le régime dictatorial de Déby, au
détriment du peuple tchadien, sous le prétexte que M. Déby était un «
bon soldat » qui pourrait rendre service à la France, et donc en
contrepartie, l’exécutif français devrait fermer les yeux sur les
violations des droits de l’homme commises par le régime. La preuve,
c’est que le Tchad est toujours classé dernier ou avant dernier pays
par beaucoup d’organisations qui promeuvent l’Etat de droit, les
libertés  et la bonne gouvernance dans le monde.
M. le Président Emmanuel Macron,
Après la prise du pouvoir par un coup d’Etat le 20 avril 2021, la
junte militaire constituée de quinze (15) Généraux est dirigée par le
Général Mahamat Idriss Déby Itno, le fils du défunt président Idriss
Déby Itno qui venait d’être réélu la veille pour un 6e mandat, à
l’issue d’un scrutin qui est tout, sauf, une élection, une véritable
mascarade qui ne pouvait finir que dans la honte comme cela avait
commencé.
Aujourd’hui, ce qui est important, c’est que la France, amie du peuple
tchadien et non d’un individu ou d’un régime, appuie le peuple
tchadien à, non seulement réussir cette période de transition très
délicate, suite au décès de M. Déby qui avait sciemment refusé de
préparer sa succession, sinon que par une dévolution monarchique, mais
également l’organisation d’élections générales transparentes à la fin
de la transition. Nous réitérons notre exigence de voir la transition
être dirigée par des civils, c’est pourquoi nous voulons que la junte
militaire puisse remettre très rapidement le pouvoir aux civils.
Le gouvernement civil qui dirigera le pays aura pour principales
tâches, non seulement de préparer et réussir l’organisation de la
présidentielle, des législatives et des communales à venir, mais
ramener la paix et la stabilité dans le pays en organisant, pendant la
période de transition un dialogue national inclusif qui doit réunir
tous les acteurs de la vie sociopolitique de notre pays, y compris les
politico-militaires, à qui un appel sera lancé par le gouvernement de
transition civil pour déposer les armes et rentrer dans la République,
pour bâtir ensemble le pays.
Monsieur le Président Emmanuel Macron,
Nous voudrions en conclusion, résumer notre position de la manière suivante :
1.      Nous considérons le Conseil Militaire de Transition, le CMT comme
une junte militaire dont nous exigeons la dissolution pure et simple
et le transfert du pouvoir aux civils.

2.      Nous exigeons que la France, si elle doit s’ingérer dans les
affaires intérieures du Tchad, pour l’aider comme pays ami, que ce
soit pour l’appuyer à maintenir la paix, la stabilité, mais aussi et
surtout le développement sous toutes ses formes, et non en prenant
acte de la mise en place du CMT que nous considérons comme une manière
de cautionner et soutenir le prolongement de la dictature au Tchad.

3.      Nous rappelons à la France que le Tchad était le premier pays à
répondre à l’appel du Général De Gaulle pour faire face aux Nazi et
donc la bravoure du peuple tchadien ne date pas de l’époque Déby.
C’est dire que n’importe quel Tchadien qui prend les rênes du pays est
conscient de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme.

4.      Pendant la transition, une nouvelle Constitution doit être élaborée
et promulguée, en ayant comme repère la Constitution du 31 mars 1996
qui a fait l’unanimité entre les acteurs politiques et a limité le
nombre de mandats présidentiels à deux (02).

5.      Nous souhaitons que la période de transition soit la plus courte
possible, douze (12) mois, à l’issue de laquelle des élections
générales, présidentielle, législatives et communales cumulées doivent
être organisées.

6.      Enfin, nous demandons l’ouverture d’une enquête indépendante sur
les conditions dans lesquelles le président Idriss Déby a trouvé la
mort.
C’est seulement à ce prix que nous pourrions, avec l’aide des
partenaires du Tchad, dont la France, assurer la paix, la stabilité,
le développement et la prospérité  de notre pays, profitable à toutes
et à tous.
Fait à N’Djaména le 22 avril 2021
Nous vous remercions.

Les présidents de partis politiques de l'opposition démocratique