Tchad : DÉCRYPTAGE DE LA DERNIÈRE DÉCLARATION DE SALEH KEBZABO SUR LE COVID-19
La première partie de la déclaration du jeudi 06 de l'ex-chef de file de l'opposition, Saleh Kebzabo frappe l'esprit par son caractère général et sa dimension émotionnelle.
En effet, le Président de l'UNDR ne formule aucune critique précise contre la gestion actuelle de l'épidémie au Tchad. Le député de Léré ne cite pas par exemple dans sa déclaration la Cellule de veille de la sécurité sanitaire qui est l'organe officiel de lutte contre le covid-19, ni les agents de santé contaminés par le covid-19 encore moins la gifle du ministre délégué à la défense et à la sécurité contre un un élément de la GNNT à l'Assemblée nationale. Des sujets d'actualité à l'heure du confinement partiel au Tchad. Quand il parle de l'exemple des pays voisins, il ne les cite pas et ne précise pas ce qui a été fait ailleurs et qui n a pas été fait au Tchad. Ce caractère général voire abstrait de la déclaration de Saleh Kebzabo pourrait s'expliquer par un manque d'informations et un défaut d association de l'opposition à la gestion de la crise sanitaire. Ce que le fondateur de N'Djamena Hebdo déplore d'ailleurs dans la suite de son allocution.
Ensuite, l'émotion et les lamentations sont la seconde caractéristique de la première partie de la déclaration du leader du premier parti d'opposition depuis l'avènement du MPS au pouvoir en 1990. Le candidat classé deuxième à la présidentielle de 2016 utilise des mots forts et annonce la couleur dès le premier paragraphe où les mots "ravages", "malheurs", "moments extrêmement difficiles" sont employés à dessein pour marquer les esprits et engager immédiatement la responsabilité du gouvernement. La dimension délibérément compassionnelle de
la déclaration de Saleh Kebzabo pourrait s'expliquer par le caractère tragique de la situation mais il faut se méfier des émotions publiques des hommes politiques.
Dans la seconde partie de sa déclaration, le fondateur du parti de la calebasse formule des propositions de bon sens dont certaines sont déjà mises en oeuvre par le gouvernement telles que le renforcement du personnel medical et l'utilisation de la chloroquine.
La question du remède malgache doit être débattue et le gouvernement doit investir dans la recherche et la formation, c'est une évidence. Mais dresser des tentes dans un stade à l'approche de la saison pluvieuse sur un sol plat exposé aux inondations, est une proposition qui mérite d'être sérieusement étudiée même si ce n'est pas une nouveauté. Cela se fait déjà dans des pays le Brésil, l'Espagne et le Royaume-Uni où des stades sont réquisitionnés pour alléger la surcharge et éviter la saturation des hôpitaux.
En somme, la déclaration de Saleh Kebzabo bien qu'importante et opportune déçoit un peu par sa légèreté et son émotivité.
Face au Coronavirus, nous sommes tous responsables, pas seulement le gouvernement dont la gestion de la pandémie à l'échelle nationale mérite, au vu de la propagation du Covid-19 dans la capitale, des critiques précises et objectives.