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En Côte d’Ivoire, le choc après la mort du premier ministre Hamed Bakayoko Amandine Réaux, à Abidjan

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Le chef du gouvernement est décédé mercredi 10 mars en Allemagne des suites d’un cancer. Il était considéré comme possible successeur du président Alassane Ouattara.

 « Les nouvelles ne sont pas bonnes », déclarait, mercredi 10 mars au soir, d’un ton grave le présentateur du « 20 heures » de la RTI, la chaîne de télévision nationale ivoirienne, avant d’annoncer la mort du premier ministre, Hamed Bakayoko, des suites d’un cancer. Évacué en France, le 18 février, soigné à l’hôpital américain de Paris, « HamBak », comme on le surnommait ici, avait ensuite été transféré dans la ville allemande Fribourg. À 56 ans, il était considéré comme un potentiel successeur du président Alassane Ouattara. De nombreux hommages, d’Alassane Ouattara à Didier Drogba Ce dernier a rendu hommage à son « fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection ». Hamed Bakayoko était, selon lui, « un grand homme d’État, un modèle pour notre jeunesse, une personnalité d’une grande générosité et d’une loyauté exemplaire ». L’ancien candidat d’opposition à la présidentielle, Pascal Affi N’Guessan, a salué « un homme de convictions, généreux et combatif ». « Je n’ai pas les mots », a enfin tweeté le footballeur et ami Didier Drogba. Les dernières nouvelles sur sa santé étaient si préoccupantes que le chef de l’État avait, dès lundi 8 mars, nommé deux ministres par intérim pour le remplacer : Patrick Achi à la primature et, à la défense, le propre frère du chef de l’État Téné Birahima Ouattara, surnommé « Photocopie ». Le tabou de la maladie À Abidjan, c’est un nouveau choc au sommet de l’État, huit mois seulement après la mort du prédécesseur d’Hamed Bakayoko, Amadou Gon Coulibaly, d’un infarctus. Les présidents des deux chambres, Amadou Soumahoro (Assemblée nationale) et Jeannot Ahoussou-Kouadio (Sénat), ont été ou sont actuellement en Europe pour des soins. « Ceux qui occupent les postes de responsabilités de l’exécutif ne respirent pas la grande forme, euphémise le politologue Sylvain N’Guessan. Chez nous, la santé est un sujet tabou, donc les politiciens ne communiquent pas dessus, jusqu’au moment où le pire arrive. Pourtant, les Ivoiriens ont besoin de savoir ! Sur les réseaux sociaux, les internautes demandent des explications, tandis que les rumeurs d’empoisonnement vont bon train. « Abobo est très calme, les gens se regroupent pour discuter, pleurer », raconte Irad, enseignante dans cette commune populaire d’Abidjan dont Hamed Bakayoko était le maire. « C’est comme si le poste était maudit ! Deux premiers ministres qui meurent en un rien de temps, ça fait mal », poursuit-elle. Un homme qui s’est fait tout seul Né à Adjamé, une commune déshéritée d’Abidjan, de parents de la classe moyenne, Hamed Bakayoko n’avait pas de diplômes. Il disait s’être formé à l’école de la vie. Populaire et tribun, ami des stars et réputé fêtard, ce personnage atypique avait fondé le quotidien Le Patriote et dirigé le groupe Radio Nostalgie Afrique. Ces réussites lui ont valu le surnom de « Golden-boy ». Entré en politique en 2003 au sein du gouvernement d’union nationale, ce père de quatre enfants venait d’être réélu député de Séguéla (Nord) lors des législatives du 6 mars, sans avoir pu y faire campagne. Selon Sylvain N’Guessan, « le président se retrouve isolé : il avait besoin d’Hamed Bakayoko pour dialoguer avec l’opposition, c’est lui qui avait ses entrées chez Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo ». Après la présidentielle d’octobre, qui a fait au moins 87 morts, l’ancien premier ministre s’était entretenu au téléphone avec Laurent Gbagbo. Un premier contact entre le pouvoir et l’ancien président, en exil à Bruxelles, en vue de la réconciliation politique. Amandine Réaux, à Abidjan