Tchad: Un signe troublant pour la liberté d’expression au Tchad
En octobre dernier, des manifestations de protestation contre le gouvernement de transition du Tchad ont été contrées par une brutale répression, lors de laquelle de nombreuses personnes ont été tuées, blessées ou arrêtées.
Mais en dépit du rétrécissement de l’espace politique, des activistes, des avocats et des journalistes ont poursuivi leur travail, dans une large mesure sans entrave. Toutefois, la récente suspension d’un site populaire d’information est un événement inquiétant, en particulier au moment où le Tchad se prépare à tenir un référendum constitutionnel d’ici à la fin de l’année.
La semaine dernière, l’organe de régulation des médias au Tchad, la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (HAMA) a suspendu Alwihda Info pour une durée de huit jours à la suite de sa publication d’articles sur un remaniement interne au sein de l’armée et sur un discours prononcé par le président de transition, Mahamat Déby, au sujet du conflit qui sévit dans le nord du pays, près de la frontière libyenne. La HAMA a accusé le site d’avoir publié des « propos injurieux » à l’égard du président et des « propos communautaristes de nature à porter atteinte à la cohésion et à la discipline au sein de l’armée », et l’a mis en garde contre des sanctions encore plus sévères en cas de récidive.
Alwihda Info n’a rien publié sur son site ni sur les réseaux sociaux depuis le 26 août. Le même jour dans la soirée, son directeur de la publication, Djimet Wiché, a affirmé avoir été suivi en route vers son domicile par deux voitures qui, a-t-il présumé, appartenaient à des agents des services de renseignement, ce qui l’a contraint à passer la nuit ailleurs.