États -Unis : 49 Etats Africains invités au sommet États-Unis-Afriques
49 chefs d'État africains sont invités, tous les dirigeants du continent – à l'exception du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée et du Soudan – parce que ces pays sont suspendus par l'Union Africaine. Dernière exception l'Érythrée : les États-Unis n'ont pas de relations diplomatiques avec cette dictature totalement repliée sur elle-même. Sinon, c'est un gros casting et un vrai symbole : la concrétisation d'un virage à 180 degrés pour Washington sur la relation à l'Afrique. Pour faire court, Donald Trump se désintéressait totalement du continent.
À l'inverse Joe Biden, comme Barack Obama, le juge essentiel sur d'innombrables sujets : l'Afrique, c'est à la fois un moteur de croissance, un enjeu diplomatique, une zone de conflits, et un laboratoire de transition énergétique. Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a d'ailleurs effectué trois déplacements sur le continent au cours des 12 derniers mois, c'est considérable.
Combattre l'influence russe et chinoise
L'objectif est double pour Washington. D'une part, faire face à l'influence militaire de Moscou, avec notamment la présence des miliciens du groupe Wagner dans plusieurs pays comme le Mali ou la Centrafrique. D'autre part, réduire l'influence économique de Pékin : la Chine multiplie depuis 20 ans les constructions d'infrastructures en Afrique. Par exemple, plus de 100 stades construits dans le continent et aussi des aéroports, des autoroutes, etc. Conséquence majeure pour les pays africains : un endettement croissant vis-à-vis de la Chine.
Les États-Unis veulent donc revenir dans le jeu. "Sur la sécurité alimentaire, la priorité, ce sont les besoins urgents : augmenter la production et les exportations. Sur le sol africain et en dehors. Un défi accru en raison de la guerre en Ukraine. Dans ce but, depuis octobre dernier, les États-Unis se sont engagés sur plus de 7 milliards d'aide humanitaire et alimentaire à l'Afrique", souligne par exemple, la vice-présidente Kamala Harris, dans un message envoyé à la veille de ce sommet.
Mais il ne sera pas question seulement de sécurité alimentaire pendant ces trois jours. Au programme aussi : des accords commerciaux, des partenariats sur les énergies renouvelables, peut-être aussi des accords militaires, comme celui que Washington vient de signer avec le Niger.
Un pari américain difficile à gagner
Le grand enjeu, c'est surtout de faire bouger les lignes diplomatiques, géopolitiques. On a vu plusieurs pays africains, comme l'Afrique du Sud, se refuser ces derniers mois à condamner l'invasion russe en Ukraine. La réconciliation entre Washington et les pays africains n'est pas acquise. Certains chefs d'État africains se rendent à Washington un peu à reculons. Ils voient dans cette invitation, une sorte de convocation un peu condescendante et comme ils sont très nombreux, tous ne verront pas Joe Biden en entretien bilatéral. Dans l'autre sens, la présence de plusieurs dirigeants très autoritaires (l'égyptien Sissi, l'équato-guinéen Obiang, le tchadien Deby) va faire de l'ombre au tableau d'un Joe Biden qui se pose en promoteur de la démocratie.