France : la France officialise la fin de l’opération Barkhane
La principale opération extérieure française s'achève. « Nos interventions doivent être bornées dans le temps », a assuré le président de la République Emmanuel Macron mercredi, en annonçant « la fin de Barkhane ». « Nous n'avons pas vocation à être engagés sans limite de temps », a-t-il insisté.
À bord du porte-hélicoptères amphibie Dixmude dans le port de Toulon, où il a présenté la nouvelle Revue nationale stratégique qui définit les ambitions militaires de la France pour 2030, le chef de l'État Emmanuel Macron a confirmé, comme annoncé, la fin de l'opération française au Sahel. La France était engagée militairement contre les groupes armés djihadistes depuis 2013. En août dernier, elle avait quitté le Mali sur un constat de désaccord politique avec Bamako et un sentiment d'impasse militaire, faute d'être venue à bout de la menace. Il n'a rien dit du nombre de soldats qui resteront déployés et de la façon de lutter contre la menace terroriste qui persiste.
Instabilité en Afrique sahélienne
« Notre soutien militaire (aux États africains du Sahel) se poursuivra mais selon des modalités que nous définirons avec eux », a poursuivi le président de la République. L'armée française est engagée au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Elle dispose aussi de bases et de forces prépositionnées en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Gabon et à Djibouti. L'engagement français pourra prendre la forme d'appui, de formation, d'un partenariat opérationnel ou « d'intimité stratégique », selon l'expression d'Emmanuel Macron. Mais il devra s'inscrire en soutien des efforts des États et selon des besoins explicitement formulés. L'instabilité politique en Afrique sahélienne rend incertaine la capacité de ces États à assumer leurs missions. Le poids de l'histoire coloniale leste aussi la relation. La présence française était parfois « vécue comme une contestation de souveraineté » ou «utilisée » par des puissances adverses dans le champ informationnel. Le président a annoncé le lancement « d'une phase d'échange » pour faire évoluer le statut, le format et les missions, les bases françaises en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Elle devra s'achever « dans six mois ». En considérant qu'après presque dix ans d'opération militaire, les attentes des États africains seraient encore à définir, Emmanuel Macron dresse un constat d'échec de la relation franco-sahélienne. Elle est à réinventer, dans un contexte où l'Afrique est devenu le champ d'un affrontement hybride entre l'Occident et ses compétiteurs chinois et russe. Les mercenaires de Wagner, liés au Kremlin, ont supplanté la France au Mali. « On a assez vu comment en Afrique s'installaient des récits malveillants à l'instigation d'acteurs extérieurs », a ajouté le chef de l'État. À l'occasion de son discours sur la revue nationale stratégique, il a annoncé le renforcement des moyens alloués à la fonction d'influence de la France.