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L'Amérique: l'Amérique était-elle peuplée avant la fin du maximum glaciaire ?

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Des traces de pas datant de 23 000 ans ont été découvertes au Nouveau-Mexique (Sud-Ouest des Etats-Unis) par des chercheurs. C'est la première preuve que le peuplement du continent américain par Homo Sapiens a commencé 7 000 ans avant ce qui était jusque là admis.

Des dizaines d'empreintes de pieds laissés dans la boue d'un lac. La plupart appartiennent à des adolescents et des enfants, quelques unes à des adultes. Elles sont particulièrement bien conservées et ont entre 21 et 23 000 ans d'après la datation au carbone 14 des couches géologiques qui les enserrent. Plus précisément la datation des graines retrouvées dans cette gangue que le temps a préservée. La découverte a été faite dans le parc National de White Sands, un désert de gypse blanc situé au Nouveau-Mexique dans le sud-ouest des Etats-Unis. 

Avec le temps, les sédiments du lac ont comblé les traces qui ont durci, jusqu'à ce que des chercheurs les mettent au jour. Ils ont aussi trouvé des traces d'animaux préhistoriques: loups, mammouths, paresseux géants sur les bords d'un lac. En revanche, aucun outil ni trace d'habitat n'est présent sur ce site et pour le paléo anthropologue Jean-Jacques Hublin, c'est bien le plus surprenant. Ces traces montrent des va-et-vient des adolescents

Selon l'équipe composée principalement de géologues américains (université de l'Oregon et université du Wisconsin), la disposition des pas laisse supposer une présence de ce groupe d'humains pendant 2 000 ans. 37 pistes au total ont été identifiées, que les scientifiques associent à des va-et-vient de ces adolescents, pour aider les adultes occupés à une tâche, précisent-ils dans Science où ils ont publié leurs résultats. 

L'importance de cette découverte tient au fait qu'elle rebat les cartes sur l'histoire de l'occupation de l'Amérique. "Depuis longtemps, l'hypothèse dominante, c'est que homo sapiens est arrivé tardivement en Amérique, en tous cas, après 15 000 ans", détaille Aurélien Mounier, paléo anthropologue au Muséum National d'Histoire Naturelle. Plusieurs raisons viennent étayer cette théorie : la présence au maximum glaciaire d'une calotte de glace très importante en Amérique du Nord de plus de 3 km d'épaisseur rendant impossible le passage d'humains au delà du détroit de Bering, l'existence de sites dont la datation comme le matériel archéologiques (outils notamment) ne permettaient pas de douter de la présence des humains et enfin les analyses génétiques. L'ancêtre commun de toutes les populations d'Amérique du Nord et du Sud remonte à 15 000 ans. Même si certaines équipes ont pu croire avoir trouvé des preuves plus anciennes, aucune ne s'étaient jusqu'ici avérée assez solide pour faire l'unanimité. Dans cette publication, les traces de pas sont sans ambiguïté. 

Comment sont-ils arrivés là? 

"Ils sont passés avant que cela soit impossible" pense Jean-Jacques Hublin du Max Planck Institute et probablement par la côte Pacifique. La présence de glace, sans aucune végétation ne peut aucunement permettre la présence de l'homme sur le continent. En revanche "même quand il y a de la glace, si vous avez des moyens de navigation, vous pouvez descendre le long d'une côte en allant vers le Sud" ajoute t-il. Il reste pourtant une énigme: pourquoi la présence de l'homme est-elle aussi "élusive dans ces périodes-là? Car détaille M. Hublin, "si vous allez en Europe, en Asie ou en Afrique , on a des sites archéologiques assez nombreux dont personne ne conteste l'authenticité, alors qu'en Amérique, c'est très rare". La seule explication que je vois, c'est le filtre que représente la glace. A cause d'elle, très peu de monde peut passer et les groupes, trop peu nombreux ne parviennent pas à créer une population plus grande. Ils finissent par s'éteindre. C'est la raison pour laquelle, les analyses génétiques ne les trouvent pas. Le peuplement d'il y a 15 000 ans est en somme "le bon", celui qui a donné la population". D'ailleurs, fait-il remarquer, on peut observer la même chose en Australie où des preuves de peuplement ont été trouvées sur un site daté à 65 000 ans alors que l'arrivée des aborigènes est génétiquement datée à 50 000 ans. Il pourrait y avoir donc des migrants trop peu nombreux pour donner une descendance et un peuplement durable. 

"Cette nouvelle découverte va relancer le débat" sur la disparition des mammouths

Pour Aurélien Mounier, cette découverte apporte aussi du grain à moudre sur la disparition de la mégafaune d'Amérique du Nord au début de l'Holocène vers 12 000 ans. Jusqu'ici, l'une des théories privilégiées était que mammouths, loups préhistoriques et autres grands mammifères avaient disparus à l'arrivée des premiers hommes parce qu'ils étaient trop chassés. 

Désormais, des critères climatiques sont pris en considération et surtout la chronologie des disparitions suivant les espèces se précise. "Cette nouvelle découverte va relancer le débat puisque si on est certain que les hommes étaient présents il y a 23 000 ans, au moment de l'extinction de certaines espèces de cette mégafaune et qu'ils ne sont pas obligatoirement responsables de leur disparition".