Tchad : La fabrication des briques par les mineurs

Après la saison des pluies, certaines activités comme la fabrication des briques se développent dans les quartiers de la capitale. Le hic, c’est qu’on y trouve des mineurs.

Un tour autour des marres dans certaines quartiers de N’Djaména comme Walia, Atrone, Gassi permet de nous rendre à l’évidence. Ils sont des mineurs dont l’âge varie entre 12 à 15 ans. La plupart sont des élèves. Ils nous font savoir que c’est après les cours qu’ils viennent fabriquer les briques pour subvenir à leurs besoins. N’ayant pas les moyens de les faire cuire leurs briques, ils vendent non cuites à 25 franc l’unité. Certains d’entre eux sont employés par les particuliers qui les payent à compte goutte.
Agé de 14 ans et en classe de 5ème au Collège d’enseignement général (CEG) de Walia, Eric Dongarte raconte : «  Je suis orphelin de père, je vis chez mon oncle qui est un maçon. Il m’a initié très tôt à cette activité, que je mène pour me prendre en charge. Car, mon oncle n’a pas assez de moyens. Chaque jour et à mes heures perdues, je fabrique des briques pour gagner un peu d’argent, même si les clients me trainent avant de payer la facture. Mais à défaut de mieux, je m’en contente, car c’est le seul métier que je connais en ce moment », confie-t-il.
Oumar Diksia Narcisse, élève en classe de 3e âgé de 15 ans, nous dit à son tour comment il en arrive à la fabrication et à la vente de briques. « Depuis que mon père nous a quittés pour regagner sa jeune épouse, je fabrique les briques avec quelques amis du quartier pour me prendre en charge et partant, aider ma mère qui supporte désormais seule ma scolarité ». Le jeune Diksia déplore, lui aussi, le mauvais comportement de certains clients. Notre fabricant de brique rêve de devenir médecin. Pour réaliser son rêve, le petit Diksia se donne comme moyen, la fabrication et la vente et briques.
Interrogé, Djimnarem Gabriel, un habitant du quartier Walia et riverain d’un site de fabrique des briques, confirme la présence des mineurs dans ce travail. « Chaque jour, les enfants viennent ici, même aux heures de cours pour fabriquer des briques. Quand on leur demande pourquoi ils désertent les classes pour cette activité, ils disent tantôt qu’ils sont de l’après midi, tantôt de la matinée. Mais en tant que parent, je déduis de ces réponses que ce sont des enfants qui vivent des situations difficiles, mais qui sont malheureusement exploités par des gens malhonnêtes. Alors qu’on sait que ce travail est pénible pour leur âge et aura un effet néfaste sur leur santé », souligne-t-il.
En effet, la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) prohibe le travail et l’exploitation d’enfants à quelque fin que ce soit. Car, cette situation remet dangereusement en cause leurs droits à l’éducation, à la santé, bref, à toute la protection due à leur âge et à leur statut d’enfants.